Huile sur toile 60 x 80 | 2018
L’histoire de ce tableau est singulière. Le dimanche matin 3 juin 2018 à Romainmotier, je me promenais au bord du Nozon. Le moral un peu en berne, je venais de finir « La biennale de Venise » et je trouvais l’art de notre temps racoleur, prétentieux et d’une tristesse infinie. Perdu dans mes pensées, j’aperçois une femme promenant son chien, je m’approche d’elle, elle se tourne, me sourit et me montre un troupeau de moutons regroupé sous un arbre, « ça dort encore ici ce matin ». Je venais de rencontrer la fée Magali.
Nous avons parlé, regardé, apprécié, joué, aimé cette nature magnifique, après deux heures nous nous sommes retrouvés sans rien comprendre autour d’un café au salon de thé de l’abbaye. L’art et le processus artistiques prends le dessus dans nos réflexions. J’ai souvent rêvé d’un atelier à Romainmotier, Magali me regarde droit dans les yeux et appelle le patron, « Mon ami cherche un atelier de peintre à Romainmotier », il griffonne un nom sur un bout de papier, « C’est le plus bel atelier de Romainmotier et il n’est pas occupé ». Elle me sourit, « Brenar, ce n’est pas compliqué, viens à midi ». À midi ? « Oui je t’appellerais », j’ai plus de batteries à mon téléphone, « Mademoiselle, mon ami n’a plus de batterie à son Iphone, vous avez un chargeur ? », « Oui, je vous l’apporte tout de suite ».
Je la regarde, le monde semble lui obéir.
À midi elle revient me chercher, « J’ai une surprise pour toi ». Elle me conduit dans le jardin de l’immense atelier, me présente Claudio et son groupe d’amis musiciens et danseurs, « Claudio ? as-tu le numéro de téléphone de la propriétaire de l’atelier de mon ami ?, nous avons son nom mais pas son téléphone », « oui, Magali, je te le donne tout de suite ».
Tout le groupe par en promenade au son des cornemuses, violons, accordéons, flûtes. Arrivé dans un pâturage, Magali m’invite à danser la valse, me présente Véronique, architecte, qui m’aidera pour mon projet Lemania et qui se risque à m’apprendre une autre danse, elle est très courageuse.
Magali me regarde, bienveillante, « change ta façon de penser ».
En fin de journée, le moment tant redouté, le moment de se quitter, elle s’approche. « Je dois te dire quelque chose d’important, tu as tellement envie d’aller à la commission David et tu as tellement travaillé sur ce tableau, alors je vais faire ça pour toi ». Je l’aurais prise dans mes bras, serré très fort contre moi, je n’ai pas osé. Mais comment ? faire ça pour moi ?
« Les énigmes c’est la poésie du monde, un jour, je t’enverrais un signe, le chiffre 7 cinq fois, à ce moment tu pourras assister à la commission David, et ne t’inquiète pas tu partiras et tu reviendras à la même seconde. Le temps que tu désir passer à Florence n’a pas d’importance ».
Hier j’ai éteint ma moto, j’ai regardé le compteur qui affichait 77'777 km. Je suis parti aujourd’hui, le 6 juin 2018 tout en roulant sur l’autoroute avec ma fille Delphine. Un jour, je vous raconterais les 3 mois que j’ai passé à Florence en 1504, mais pas aujourd’hui, je soigne ma tristesse d’être revenu avec la joie de revoir les miens.
Je dois encore vous dire que Magali est enceinte d’une petite fée et que le père s’appelle David.